Combien de temps dure une psychothérapie ?
En combien de temps puis-je aller mieux ? Combien de temps dure une thérapie ? Telles sont les questions que peut se poser toute personne qui s’engage dans une psychothérapie. Bien que ces questionnements soient légitimes, il est souvent difficile d’y répondre d’emblée.
En effet, dans le processus thérapeutique, différentes temporalités sont à l’oeuvre. De nombreux facteurs entrent en jeu dans la durée d’une thérapie, ayant trait au patient, au thérapeute et au processus thérapeutique en lui-même.
Tentons d’y voir plus clair dans tout cela.
1. Qu’est-ce qu’une psychothérapie ?
“ La psychothérapie est une méthode de traitement des souffrances psychiques par des moyens essentiellement psychologique ” (Doron & Parot, 2011). Elle vise, de manière générale, à installer un processus de changement afin que le patient puisse s’épanouir le plus possible dans sa vie.
La psychothérapie va reposer sur trois éléments :
- Un objectif déterminé par le patient qui va souvent consister en un apaisement de sa souffrance psychique et en une volonté de se sentir mieux.
- Une méthode que va utiliser le psychologue lors de la thérapie. Il existe différents types de thérapies et différentes approches. Une approche psychothérapeutique est caractérisée par une certaine conception du fonctionnement psychique des individus et de la pathologie psychique, ainsi qu’un panel de méthodes pour y remédier. Les trois principales approches sont la psychanalyse, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et l’approche systémique. L’approche intégrative se réfère à plusieurs de ces courants.
Certaines thérapies sont dites brèves et peuvent durer seulement quelques séances (certaines TCC, EMDR, hypnose) et d’autres, comme la psychanalyse peuvent durer des années. Les psychothérapies que nous proposons chez Happineo sont de durée variable mais se situent globalement entre les thérapies brèves et la psychanalyse en terme de durée. - Un cadre, c’est-à-dire tous les éléments contractuels entre le psychologue et le patient : durée, rythme des séances, lieu ou moyen de communication (face à face, téléphone, messages).
2. Les premiers temps de la psychothérapie : la rencontre
Avant tout, une psychothérapie est une rencontre de deux êtres (ou plus si c’est une thérapie de couple ou une thérapie familiale). Comme chaque rencontre, elle comporte son lot de peurs, d’appréhension, de questionnements, d’espoirs. Les premiers temps de la thérapie consistent essentiellement en la création d’un lien de confiance entre le psychologue et le patient, ainsi que d’une alliance thérapeutique (“la collaboration mutuelle, le partenariat, entre le patient et le thérapeute dans le but d’accomplir les objectifs fixés”, Bioy et Bachelart, 2010). Sa création demande un certain temps, elle dépend notamment de la capacité du patient à faire confiance, en fonction de son histoire de vie, de ce que le psychologue lui renvoie, du crédit qu’il lui accorde, etc. Elle dépend également des capacités d’empathie et de bienveillance du psychologue : sait-il mettre le patient à l’aise ? Sait-il le comprendre et lui exprimer de l’empathie ?
En effet, difficile d’accorder sa confiance à la première personne venue, même si c’est un professionnel. La confiance et l’alliance thérapeutique se construisent avec le temps, comme toute relation humaine. Elles s’entretiennent par ailleurs tout au long de la thérapie.
3. Temps chronologique et temps psychique
Le temps chronologique, concret, est constitué de la durée des séances ainsi que de leur rythmicité. Chez Happineo, nous proposons une séance téléphonique de trente minutes par semaine. En ce qui concerne l’offre de messagerie nous fournissons une réponse par jour hors week-end. Ces éléments temporels concrets forment un cadre qui permet à la temporalité psychique de se déployer.
Le temps psychique n’a pas la même temporalité que le temps chronologique, le temps social, le rythme de nos vies, les heures, les minutes, etc. Le temps psychique est peu quantifiable, il a sa logique propre et est singulier à chaque être humain. D’ailleurs, selon Freud (1915) l’inconscient ignore le temps.
Parler à un psychologue, mettre des mots sur ses souffrances en vue de les travailler et de les apaiser est un processus complexe. On peut mettre plus ou moins de temps à arriver à se confier et à trouver les bons mots, ceux qui représenteront le mieux ce que l’on vit, ce que l’on ressent. Il y a des moments dans la thérapie où l’on peut ressentir que l’on avance rapidement, et d’autres où l’on sent que l’on stagne un petit peu. Tout cela fait partie du processus. En effet, certains éléments psychiques viennent freiner la thérapie à certains moments . Le patient peut se heurter à des résistances psychiques, sortes de blocages inconscients qui viennent entraver le processus de changement et l’accès à une connaissance plus poussée de soi. Ces résistances sont dues à des mécanismes de défense psychique mis en place de manière inconsciente pour protéger l’individu des événements de vie qu’il a pu traverser et de leurs effets psychiques. Aller au-delà des défenses psychiques nécessite du temps, de la patience. C’est comme enlever un bandage : il faut s’assurer que la blessure dessous n’est pas trop infectée et peut s’exposer à l’air libre. On l’aide ensuite à cicatriser, petit à petit.
4. La fin de la psychothérapie
Une thérapie prend fin quand le patient et/ou le psychologue déterminent que les objectifs de la thérapie sont atteints, qu’un processus de changement a eu lieu et qu’un apaisement se fait ressentir pour le patient. Il arrive également dans certains cas que la thérapie prenne fin pour des raisons financières ou pratiques (le psychologue ou la patient déménage par exemple), mais cela ne constitue pas un échec ! Le processus amorcé dans la thérapie peut être repris et continué plus tard, quand les conditions financières ou pratiques sont plus favorables.
Certaines études se sont employées à déterminer la durée à laquelle une thérapie peut être efficace, le nombre de séances nécessaires pour ressentir les effets de la thérapie.
Une étude de Howard et al. (1986) suggère que 53% des patients montrent des améliorations (réduction des symptômes par rapport à la première séance) au bout de 8 séances. Ce taux monte à 74% au bout de 26 séances !
Hanse, Lambert et Foreman (2002) ont passé en revue les différents essais cliniques et déterminé qu’entre 58 et 67% des patients montrent des améliorations en 12,7 séances en moyenne. Soit à peu près trois mois à un rythme d’une séance par semaine.
Conclusion
La durée d’une thérapie est donc variable, et propre à chaque personne. Cela dépendra de beaucoup de facteurs, et notamment de votre propre temporalité psychique ! Faites-vous confiance, et faites confiance à votre psychologue afin de laisser cette temporalité se déployer au fil des séances.
Prenez ce temps pour vous, pour vous exprimer, pour vous apaiser et pour transformer vos maux en mots. Osez changer, enlever petit à petit le bandage et laisser cicatriser vos plaies avec l’aide bienveillante de votre psychologue Happineo !
REFERENCES
Bioy, A., et Bachelart, M. (2010). L’alliance thérapeutique : historique, recherches et perspectives cliniques. Perspectives psy, 49(4), 317-326.
Doron, R. & Parot, F. (2011). Dictionnaire de psychologie. Paris : PUF.
Freud, S. (1915). L’inconscient. Dans Métapsychologies.
Hansen, B., Lambert, J., et Forman, M. (2002). The Psychotherapy Dose-Response Effect and Its Implications for Treatment Delivery Services, Clinical psychology : Science and practice, 9(3), 329-343.
Howard, K. I., Kopta, S. M., Krause, M. S., et Orlinsky, D. E. (1986). The dose-effect relationship in psychotherapy. American Psychologist, 41(2), 159–164.
Elisa SCHIMMEL