Le trouble panique : le comprendre et y faire face

Panique

L’anxiété est le trouble psychique le plus répandu devant le trouble dépressif : il concerne 15 à 30% de la population française. Parmi ces troubles anxieux, on distingue le trouble panique.

Le trouble panique se caractérise par une récurrence d’attaques de panique sur fond d’anxiété chronique. Selon  l’ESEMeD (The European Study of the Epidemiology of Mental Disorders), 9.4% de la population générale a déjà été victime d’une de ces crises. Cette prévalence touche davantage les femmes (elles représentent 23 des personnes concernées) ainsi que les adultes âgés de 25 à 44 ans. Mais qu’est-ce que le trouble panique exactement ?

Crise de panique isolée ou trouble panique ?

Reconnaître une crise de panique

Une attaque de panique est caractérisée par l’apparition brutale d’un épisode aigu d’anxiété, associée à une peur intense (voire à une terreur) ainsi qu’à des sensations de catastrophe imminente. La crise provoque notamment chez le sujet un sentiment de perte de contrôle de soi et le conduit à cesser toute activité en cours. L’intensité de l’épisode décroit progressivement et peut s’étaler de quelques minutes à quelques heures.

Les symptômes d’une attaque de panique sont psychiques, physiques, psychomoteurs et neurovégétatifs. Selon le DSM-V, au moins quatre de ces symptômes doivent accompagner la sensation de peur intense pour que l’événement soit qualifié de crise de panique.

Symptômes physiques

  • Palpitations, tachycardie
  • Tremblements
  • Sensation d’étouffement ou d’essoufflement
  • Difficulté de déglutition
  • Douleurs ou inconfort thoracique
  • Nausées ou troubles digestifs (diarrhées, etc.)
  • Sensations de vertiges, d’instabilité ou de malaise
  • Sensations d’engourdissement ou de fourmillement

Symptômes psychiques

  • Sentiment de détachement de soi-même, sensation de transformations
    corporelles (on parle alors de dépersonnalisation)
  • Sentiment d’irréalité, comme si l’ambiance autour de nous se
    transformait, on (parle alors de déréalisation)
  • Sensation de perdre le contrôle ou de devenir fou
  • Sensation de danger voir de mort imminente (les douleurs thoraciques
    peuvent notamment faire croire à une crise cardiaque)
  • Une perplexité
  • Une incapacité à fixer l’attention, à penser
  • Une amplification péjorative des stimuli ambiants

Symptômes psychomoteurs

  • Inhibition ou perte d’initiative pouvant aller du ralentissement jusqu’à la stupeur anxieuse
  • Incapacité à rester assis ou en place
  • Comportement inadapté avec pleurs et cris

Symptômes neurovégétatifs

  • Sueurs
  • Pâleur
  • Mains moites
  • Sensations de froid ou de chaud
  • Sécheresse de la bouche

Distinguer la crise de panique du trouble panique

Une crise d’angoisse aiguë isolée peut arriver à n’importe qui. Elle survient généralement de manière prévisible dans une situation aisément détectable. Elle peut aussi être provoquée par des facteurs toxiques (café, alcool) ou des facteurs médicaux (effets secondaires d’un médicament, hyperthyroïdie, hypoglycémie). Lorsqu’elle se termine, elle laisse place à un soulagement et à un sentiment de fatigue mais n’a finalement pas plus de conséquences qu’un mauvais souvenir. En effet, malgré la sensation de mort imminente, la crise d’angoisse reste sans danger. Une crise d’angoisse ponctuelle et unique ne nécessite donc pas de prise en charge particulière, exceptée durant la phase aiguë (des techniques de respiration particulières peuvent être appliquées : par le ventre, avec un sac en papier).

Par contre, si ces attaques deviennent récurrentes et se chronicisent, il n’est plus question d’une crise isolée mais d’un trouble panique. Ce dernier quant à lui relève d’une prise en charge spécifique.

Il faut 4 attaques de panique en 4 semaines pour porter le diagnostic de trouble panique. Dans le cas d’un trouble panique, la plupart des crises surviennent de façon inattendue, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas directement déclenchées par l’exposition à des objets ou à des situations redoutés bien identifiés (comme dans le cas des phobies). Par ailleurs, dans le trouble panique, les attaques ne sont pas secondaires à des affections médicales ou à l’usage de substances psychoactives comme l’alcool.

La fréquence et l’intensité des attaques de panique ne seront pas les mêmes d’une personne à l’autre. On dit en moyenne que les patients consultent lorsqu’ils souffrent de une à deux attaques de panique par semaine.

L’anxiété chronique dans le trouble panique

Petit point physiologique

L’anxiété est à différencier du stress dit “adapté”. Le stress adapté fait partie du système d’alerte qui se déclenche face à une menace : il prépare le corps à échapper au danger. Il déclenche par exemple la sécrétion d’adrénaline, de cortisol et de noradrénaline pour mobiliser les capacités physiques et psychiques du corps et le préparer à l’action. Le stress adapté augmente également l’activité respiratoire et cardiaque. C’est la fameuse réponse “combat-fuite” (“_fight or flight response_” en anglais).

L’anxiété quant à elle est plus complexe et relève davantage de la sphère mentale que physique. A l’inverse du stress, elle n’est pas une réaction adaptée face à une situation de danger objective. L’anxiété est l’anticipation d’une situation jugée négative qui génère de la peur et une perte de contrôle. Elle peut être déclenchée suite à une réaction de stress : les menaces réelles ne sont plus présentes, les causes du stress ont disparu mais l’anxiété demeure. Cette émotion constitue donc un dérèglement du système d’alerte.

Qu’est-ce que l’anxiété chronique ?

S’il est normal de ressentir de l’anxiété de temps à autre (avant un entretien ou un examen par exemple), celle-ci peut néanmoins devenir pathologique et nocive lorsqu’elle survient de manière irrationnelle, excessive et récurrente et qu’elle  génère une souffrance qui altère la qualité de vie. Elle peut par exemple nuire à nos capacités cognitives (réfléchir, faire des choix), nuire à notre vie sociale, familiale, professionnelle…

A la suite des premières attaques de panique commence à apparaître l’anxiété dite “secondaire”. Contrairement à l’attaque de panique qui est brutale et délimitée dans le temps, l’anxiété chronique est quant à elle plus diffuse. On parle alors d’anxiété anticipatoire : c’est la crainte que ne se reproduise une crise dans certaines situations (généralement non-sécurisantes et d’où il n’est pas possible de s’échapper).

De cette anxiété peut naître l’agoraphobie secondaire, souvent liée au trouble panique : elle consiste en l’évitement des endroits publics, des transports, des situations d’immobilisation ou d’attente, des endroits clos, isolés ou éloignés, de l’effort physique ou des émotions intenses. L’agoraphobie secondaire est une aggravation du trouble panique et de l’anxiété chronique. Cette phobie sociale naît d’une source externe (confrontation au regard et au jugement d’autrui) tandis que le trouble panique découle de symptômes physiques et de sensations internes.

Que faire ?

Exercices de respiration

En cas de crise de panique, différents exercices de respiration peuvent être mis en place au quotidien pour vous aider à apaiser vos attaques lorsqu’elles surviennent. Pouvoir vous relaxer rapidement, efficacement et de manière autonome renforcera votre sensation de contrôle, votre pouvoir d’action face à l’angoisse et vous rassurera. Vous diminuerez ainsi votre anxiété anticipatoire ainsi que les scénarios catastrophes que ces crises alimentent.

Demandez rapidement l’aide d’un professionnel

Une aide concrète et efficace peut vous être apportée par des professionnels de la santé mentale. Plus cette prise en charge sera précoce et plus les risques d’aggravation du trouble seront minimes (agoraphobie secondaire par exemple).

Une thérapie cognitivo-comportementale (TCC)

Une TCC est conseillée pour apprendre à gérer ces situations de stress intense et réduire l’anxiété chronique qui en découle. Les théories cognitivo-comportementales considèrent que vos crises de panique récurrentes sont entretenues par des modifications physiologiques inattendues qui donnent lieu à une « interprétation catastrophique ». Vous devenez hyper vigilants aux signes annonciateurs d’une crise, vous vous focalisez sur l’évolution de votre malaise et vous évitez sans cesse toutes les situations susceptibles de les déclencher. Votre crainte tient aux conséquences possibles de ces crises.

Ainsi vous vivez dans une anticipation constante des attaques ce qui génère de l’anxiété et du stress supplémentaires et renforce ainsi votre trouble. En conclusion, d’après le courant TCC, vos crises sont générées, alimentées et maintenues par votre système de pensées qui est erronée : “j’ai peur d’avoir peur de ce qui augmente ma peur”. Le thérapeute vous aide à assouplir vos interprétations et votre schéma de pensées afin de les rendre plus adaptés.

Une psychothérapie analytique

Une psychothérapie analytique (courant psychanalytique) tentera quant à elle de chercher la cause de cet excès de stress dans votre vie. En effet, le trouble panique n’est pas une fatalité : il peut s’expliquer et trouve sa source dans votre histoire de vie personnelle. Il peut notamment venir de traits de personnalité anxieux ou évitant, de difficultés personnelles ou d’événements traumatisants qui n’ont pas encore été dépassés. Consulter un psychothérapeute vous aidera à mieux comprendre les origines et le fonctionnement de votre trouble : pourquoi ces crises se déclenchent-elles ? Que cherchent-elles à vous signifier ? Comment apaiser leur récurrence et leur intensité ?

Un traitement médicamenteux

Les médicaments psychotropes peuvent être prescrits par un psychiatre ou par votre médecin traitant en plus d’une thérapie, notamment lorsque les troubles présentés sont particulièrement handicapants au quotidien. Leur action sera visible sur le court-terme, c’est-à-dire que le traitement atténuera rapidement le symptôme sur le moment mais ce dernier sera susceptible de revenir, d’où l’intérêt de ne pas négliger l’aide thérapeutique en parallèle.

Parmi les psychotropes prescrits dans le cas d’un trouble anxieux, on retrouve majoritairement les anxiolytiques (qui vont agir sur l’anxiété chronique) ainsi que les antidépresseurs (qui vont agir sur l’humeur et sur l’angoisse). Les médicaments homéopathiques (à base de plantes) peuvent également avoir des effets très bénéfiques sur certaines personnes.

Bien qu’il ne soit pas suffisant en lui-même, le traitement médicamenteux n’est pas à négliger si votre trouble panique atteint un pic très aigu. En effet, si l’intensité des crises n’est pas calmée rapidement, l’anxiété chronique ne va cesser de s’amplifier, ce qui peut causer une dépression, des troubles du sommeil et de l’alimentation ou encore une consommation excessive d’alcool et de drogues (utilisés pour diminuer rapidement l’angoisse).

En conclusion, le trouble panique n’est pas une fatalité. Il est tout à fait possible de s’en débarrasser définitivement, à condition de mettre en place des solutions concrètes et aidantes, le plus rapidement possible. Des professionnels sont là pour vous aider à surmonter cette période difficile et à vaincre vos symptômes.

Consultez un psychologue

Source :

Boulenger, J. & Capdevielle, D. (2014). 15. Attaques de panique, trouble
panique et agoraphobie. Dans Les troubles anxieux (pp. 144-154).
Cachan, France: Lavoisier. doi:10.3917/lav.boule.2014.01.0144.