Bipolarité et travail : est-ce-possible ?

homme qui travaille sur son ordinateur

Actuellement, selon l’OMS (Organisation Mondiale de la santé), la prévalence du trouble bipolaire serait de 1 % à 2,5 % en France. Ce chiffre est néanmoins soumis à une sous-estimation évidente de par la difficulté diagnostique (en moyenne, il faut une dizaine d’années pour poser un diagnostic et mettre en place un traitement adéquat).

Cette pathologie chronique (anciennement appelée psychose maniaco-dépressive), débute généralement vers la fin de l’adolescence et se caractérise par un trouble de l’humeur oscillant entre des phases dépressives et des phases dites maniaques (ex., augmentation de l’énergie et des activités). L’OMS classe les troubles bipolaires comme l’une des 10 maladies les plus handicapantes dans le monde. Dans ces conditions, on peut imaginer qu’il soit difficile de conseiller une activité professionnelle stable avec un trouble bipolaire.

Dans cet article nous allons nous intéresser à comprendre ce qu’est un trouble bipolaire et ses traitements associés. Mais nous allons aussi voir si ce trouble est compatible ou non à une activité professionnelle. Est-il adapté de vouloir travailler lorsque l’on est atteint de bipolarité ? Est-ce possible ?

Savoir reconnaître les troubles bipolaires

Pour mieux appréhender ce qu’est un trouble bipolaire, voici une explication synthétique des deux phases de cette pathologie.

Qu’est-ce qu’un épisode maniaque ?

Certains symptômes perceptibles sont utiles de connaitre pour repérer un épisode maniaque :

  • Augmentation disproportionnée de l’estime de soi ou idées de grandeur.
  • Réduction du besoin de sommeil.
  • Désir de parler constamment.
  • Fuites des idées ou sensations subjectives que les pensées défilent.
  • Difficulté à se concentrer sur une activité, incapacité à filtrer
    les stimuli extérieurs.
  • Augmentation de l’activité orientée vers un but (social,
    professionnel, scolaire, etc.) ou agitation psychomotrice.
  • Engagement excessif dans des activités agréables mais avec des conséquences négatives potentielles (achats compulsifs, augmentation de la libido…).

Qu’est-ce qu’un épisode dépressif ?

Tout comme l’épisode maniaque, certains symptômes peuvent vous alerter concernant l’épisode dépressif :

  • Humeur dépressive pratiquement toute la journée (sur une période
    supérieure à 2 semaines au minimum).
  • Diminution du plaisir pour un large nombre d’activités investies
    auparavant par la personne.
  • Perte ou gain de poids important.
  • Insomnie ou hypersomnie.
  • Une agitation ou ralentissement psychomoteur.
  • Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.
  • Sentiments de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou
    inappropriée.
  • Diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer (presque tous
    les jours).
  • Pensées de mort récurrentes, idées suicidaires récurrentes avec ou sans plan précis, ou tentatives de suicide

Aujourd’hui nous avons des critères permettant aux professionnels de santé de diagnostiquer une personne atteinte de bipolarité. Il existe deux sortes de troubles bipolaires. Il y a tout d’abord la première catégorie de trouble bipolaire avec un épisode maniaque (d’une durée d’au moins une semaine) et un épisode dépressif. On pourrait considérer que ce type de bipolarité est plus simple à diagnostiquer parce que lors de l’épisode maniaque, il y a un changement brutal du comportement habituel de la personne.

En revanche, la deuxième catégorie de trouble bipolaire se compose d’un épisode hypomaniaque (d’une durée d’au moins 4 jours consécutifs) et d’un épisode dépressif. Pour schématiser l’épisode hypomaniaque, la personne est plus extravertie qu’à l’accoutumé et avec un besoin de dormir moins important. Les épisodes hypomaniaques sont beaucoup moins spectaculaires que les épisodes maniaques (forme atténuée de la manie), et par conséquent plus difficile à détecter, d’où le temps important entre l’apparition des symptômes et l’établissement du diagnostic.

Quels sont les traitements pour la bipolarité ?

Cette pathologie concerne autant d’hommes que de femmes. Une fois la maladie officiellement diagnostiquée, il est fortement conseillé de commencer un traitement médicamenteux qui sera accompagné d’une psychothérapie. Les traitements préconisés pour le trouble de bipolarité sont généralement des médicaments permettant de stabiliser l’humeur.

La Bipolarité au travail

Travailler lorsqu’on est bipolaire, c’est possible

Il est possible de travailler lorsque l’on est atteint de troubles bipolaires. En effet, il est important que les malades atteints de troubles bipolaires ne soient pas mis en marge de la société et continuent leurs activités professionnelles lorsque cela n’est pas dangereux pour leur santé. Cependant, dans la plupart des situations, il est dans l’intérêt du patient que psychiatre et médecin du travail collaborent main dans la main pour aménager le travail. Les situations de stress professionnels doivent être évitées pour minimiser les risques de rechute.

Les aménagements possibles du travail pour les personnes bipolaires

Dans le cas où il ne serait pas possible de maintenir la personne atteinte de bipolarité dans son travail initial, plusieurs aménagements peuvent mettre mis en place. Le congé de longue durée permet aux fonctionnaires d’arrêter de travailler pendant une durée allant jusqu’à 5 ans. La pension d’invalidité permet de compenser une perte de salaire. Le malade peut aussi être mis en mi-temps thérapeutique (la sécurité sociale donne son accord sur le mi-temps, le montant et la durée des indemnités journalières). Un traitement et un suivi professionnel sont primordiaux afin de préserver une certaine stabilité de la personne et le maintenir à son poste.

Se faire accompagner lorsque l’on est bipolaire

En cas de suspicion de ce trouble chez vous ou chez une personne de votre entourage, il faut absolument se tourner vers un psychiatre pour établir un diagnostic. Si vous pensez être dans cette situation, tournez-vous vers votre médecin généraliste qui vous renverra vers un psychiatre compétent. Votre psychiatre pourra vous prescrire une thérapie en parallèle de votre suivi psychiatrique. Vous pouvez alors consulter en ligne des psychologues compétents pour vous accompagner sur Happineo par exemple. Attention, Happineo ne remplace en aucun cas votre psychiatre.

Vous avez du mal à gérer la bipolarité de l’un de vos proches ? Ne restez pas seul face aux difficultés, consultez un psychologue d’Happineo pour vous aider à aller de l’avant. Pour appréhender l’apport d’un psychologue en ligne, nous vous conseillons de jeter un œil à cette page.

Petit point historique pour les curieux

Les mots « dépression » et « manie » tirent leur étymologie du grec et proviennent de la théorie des humeurs d’Hippocrate, fondateur de la médecine de la Grèce antique. Ce n’est que depuis 25 ans que nous utilisons ce concept de « trouble bipolaire » pour définir cette maladie dont beaucoup d’aspects nous sont encore inconnus. D’ailleurs, plusieurs personnages et artistes ayant marqué la culture étaient touchés par cette pathologie : des peintres tels Vincent Van Gogh, des hommes d’Etat comme Theodore Roosevelt ou encore des écrivains comme Honoré de Balzac.

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Anastasia Bouchon
Psychologue clinicienne